C’est un spectacle à la Hollywoodienne auquel les députés provinciaux du Haut-Uele se sont livrés vendredi 16 avril 2021, sur fond d’une tension dans la salle de plénière lors de la séance d’installation du bureau d’âge, pour examiner la pétition de retrait de confiance signée par 5 de leurs collègues contre le président et le rapporteur de leur bureau.
Au finish, deux bureaux d’âge ont été installés jusque tard dans la soirée. Le dernier soutenu par la majorité des députés fidèles au président mis en cause a même procédé au rejet de cette pétition à l’absence des petitionnaires.
Le premier bureau d’âge installé dans la journée sous la conduite du directeur administratif est celui dirigé par le doyen d’âge Vincent Ndombe assistés de deux jeunes âgés de cet organe délibérant.
Ce dernier sera très vite mis en cause puis destitué par les élus non signataires de la pétition de retrait de confiance à travers une motion incidentielle soulevée par le député Jean-Faustin Tasile, exigeant que les matières inscrites à ordre du jour de cette plénière soient vidées.
Une exigence que le président du bureau d’âge dit avoir trouvé comme un piège lui tendu par le président du bureau visé par la pétition :
“ L’administration de l’Assemblée m’a présenté un ordre de jour qui n’a pas été avalisé par moi, quelques députés ont exercé une forte pression sur moi pour que j’accepte cet ordre du jour préparé par le Président de l’Assemblée provinciale. J’ai suspendu la session et j’ai levé officiellement la séance. Après mon départ une nouvelle séance a été organisée sous la direction d’un de mes assistants pour élire un autre président de bureau d’âge afin d’organiser les votes pour rétablir le Président Sumbu et le Rapporteur Mandi ”, a expliqué M. Ndombe tard dans la soirée.
Pour l’initiateur de la motion incidentielle, cette cacophonie est tout simplement les résultats de l’incapacité et la volonté délibérée du Président déchu du Bureau d’âge qui ne devait que soumettre la question au débat puis au vote pour prouver son impartialité car la motion prime sur tout ( cfr art 65 et 66 RI) :
« l’Assemblée plénière est l’organe suprême (cf art 9) Ici le Président Ndombe n’est pas supérieur à la plénière. Le cas similaire s’est passé à la Tshopo avant hier, comme la jurisprudence est une source de droit, Ndombe a été tout simplement remplacé pour outrage à la plénière. En vertu du principe de la continuité de service de l’État, Jean Boyekombo (68 ans avec les mêmes jeunes assistants, ndlr) a été investi par le haut gradé de l’administration de l’Assemblée lui, qui avait aussi investi Ndombe pour poursuivre les travaux abandonnés par ce dernier. Donc c’est tout à fait logique », retour le député Tasile.
C’est dans ces cafouillages que les 13 députés présents à la seconde plénière, ont constaté l’absence des pétitionnaires dans la salle pour présenter l’économie de leur démarche visant la destitution du président et du rapporteur du bureau de l’organe délibérant du Haut-Uele. Ces deniers étant tous sortis dès la clôture de la première plénière. Du coup, les deux pétitions ont été tout simplement rejetées.
« C’est du jamais vu et très étonnant ce genre d’agissements. Pourtant avec cette majorité, ils ne pouvaient qu’attendre et rejeter calment ce retrait de confiance. Je ne vois pas pourquoi cette peur et forcing qui peuvent ouvrir la voie à une longue bataille politique et juridique. », fait observer un analyste politique joint par Orientalinfo.net, estimant que tout va maintenant dépendre de la décision de 5 députés pétitionnaires.
Pour l’instant, le camp favorable au président Afounde Afongenda Sumbu crie à la victoire pour avoir réussi à barrer la route à la « voie de déstabilisation des institutions provinciales ». Les députés pétitionnaires, eux, n’ont pas encore réagi face à ce revirement de la situation dans une assemblée provinciale où les législateurs s’embrouillent à respecter leurs propres lois et dans lequel chaque camp interprète les textes à sa guise même au prix du ridicule.
Héritier Mungumiyo