Dans une déclaration rendue publique ce 18 avril 2020 à Kinshasa, le caucus des députés nationaux et sénateurs de l’Ituri s’indignent de l’accentuation de l’insécurité marquée par des atrocités perpétrées par les miliciens de Coopérative pour le Développement de l’Ituri (CODECO). Ils déplorent qu’aucune réponse appropriée ne soit apportée par les autorités politiques, militaires et sécuritaires à cette situation qui aujourd’hui, risque d’embraser tout l’Ituri nonobstant les discours, promesses à tous les échelons de décisions associés à une surprésence des organisations humanitaires et des forces de la défense et de sécurité. Les morts civilo-militaires sont comptés au quotidien en Ituri.
« La situation sécuritaire s’est davantage empirée avec tendance à s’étendre sur toute la province, alors qu’au départ, seul le territoire de Djugu en était concerné. À ce jour, les miliciens de CODECO, lourdement armés, opèrent déjà dans les territoires d’Irumu, de Mahagi avec possibilité d’évoluer vers celui d’Aru. »
Et comme si tout ce la ne suffisait, un soupçon de former une coalition avec un autre groupe armé dénommé CHINI YA KILIMA, actif avec le même mode en territoire d’Irumu, vient renforcer davantage la crainte de des élus de l’Ituri.
Au regard de ce tableau sombre, le caucus de parlementaires de l’Ituri formule six recommandations pouvant sauver l’Ituri et concourir au établissement rapide de la paix et la sécurité, socle du décollage et développement de leur province.
1. Demandons au président de la république, chef de l’État, Monsieur Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo de concrétiser sa promesse faite à la population Iturienne lors de sa visite en juin 2019, à savoir » tout mettre en oeuvre pour éradiquer les groupes armés et restaurer la paix et l’autorité de l’État en province de l’Ituri ” ;
2. Que le président de la république crée un Fonds spécial pour gérer la situation de l’Ituri, à l’instar du Fonds National contre le COVID-19, car le massacre de l’Ituri tue plus que le coronavirus, et c’est, chaque jour;
3. Que le président de la République, déclare l’État de siège dans le territoire de Djugu, berceau de l’insécurité et, partant nomme un administrateur, ses assistants ainsi que des chefs de secteurs et/ou de chefferies dans les rangs des miliaires ;
4. Que le gouvernement de la république prenne toutes ses responsabilités pour mettre fin aux massacres sauvages de l’Ituri, de peur que la population recourt à l’autodéfense, tendance déjà perceptible sur le terrain. Il s’agit concrètement de :
– Renforcer l’effectif des forces de défense et de sécurité et leur allouer de moyens logistiques et financiers conséquent ;
– s’assurer de la gestion rationnelle de ces moyens par un contrôle régulier et sévère;
– Procéder à la relève des autorités militaires et policières ayant prouvé leurs limites;
5. Que la MONUSCO s’implique à fond dans la protection de la population civile et l’appui logistique aux FARDC afin de justifier sa présence déjà jugée inutile par la société civile forces vives de l’Ituri qui, du reste, réclame son départ ;
6. Au demeurant nous appelons toute la population Iturienne au calme, à la vigilance et à une collaboration franche avec les forces négatives qui créent la désolation dans notre province.
Rappelons que les miliciens de CODECO qui endeuillent l’Ituri depuis fin 2017, ont intensifié leur activisme après la mort annoncée de leur leader Justin Ngujolo. La société civile dresse un Bilan de plus de 200 personnes lâchement massacrées en 2 semaines et d’importants dégâts matériels avec la propension des violences dans les chefferies des Aghal 2 et Alur Djuganda en territoire de Mahagi. La population vide ces contrées pour se réfugier vers des endroits encore jugés sécurisés notamment Aru, Mahagi Centre et Watsa (Haut-Uele). Une crise sécuritaire qui s’amplifie au moment où le pays fait également face à la pandémie de Covid-19.
Héritier Mungumiyo