Dans la province de l’Ituri au nord-est de la République démocratique du Congo, une militante pour la justice sociale affirme faire l’objet de diabolisation, menaces et montage judiciaire sur fond des accusations fantaisistes à cause de son engagement et implication dans la défense des intérêts des opprimés dans un conflit foncier opposant l’église catholique et les villageois de Lamila et Nyoro, en territoire d’Aru d’où elle tire ses origines.
Me Daniella Alesi également coordinatrice de l’ONG NED, en veut pour preuve, sa condamnation par défaut à deux ans de servitude pénale principale mardi 07 juin 2022 par le tribunal de paix d’Aru.
La justice lui reproche l’occupation illégale, incitation à la haine et à la violence, destruction méchante et faux en écriture et usage des faux.
Se confant à Orientalinfo.net, elle promet de faire appel contre ce jugement inique qui ne vise qu’à noircir son casier judiciaire selon elle :
« Voilà comment, les serviteurs de Dieu deviennent des bourreaux. À cause de l’évêque de l’église universelle catholique (diocèse de Mahagi-Nioka), mon casier judiciaire est sali, donc mon avenir est devenu incertain. Alors que eux, défendent souvent le peuple, critiquent même les dirigeants du pays, mais ne sont jamais inquiétés. Donc, les Lamila et Nyoro qui sont actuellement sans abris, chassés de leur propre village, sur base d’un jugement que je considère injuste, ne sont pas le peuple dont l’église catholique parle souvent. Je me suis battue si dure, orpheline que je suis pour être là où je suis aujourd’hui mais, je vois tous mes efforts s’effondrer parce que j’ai choisi de défendre les droits des autochtones. », a-t-elle regretté.
Et comme si cela ne suffisait pas, Me Daniella Alesi serait également sous le coup d’un mandat d’amener émis contre elle par l’auditorat de Bunia pour opposition à l’exécution du jugement, incitation à la haine et à la Rébellion :
« Moi, je ne peux jamais faire ça, je peux , au moins dénoncer ce qui se passe, alerter mais jamais demander aux gens d’user de la violence. Voyant tout ce qui se passe contre moi, m’accuser pour des choses que je ne maîtrise pas est injuste, je le qualifie d’acharnement, mon combat n’était pas personnel, j’écrivais et répondais au nom de la communauté. », clame-t-elle.
Plébiscitée en 2021 parmi les 50 jeunes femmes leaders africaines basées à Kinshasa, ayant reçu le prix « I Change Nations USA Awards » en plus d’occuper plusieurs postes de responsabilité en Ituri, sa province d’origine, Daniella Alesi vit désormais en clandestinité craignant pour sa sécurité :
« Je suis en danger parceque je défends les droits de ma communauté, surtout, réclamer la terre ancestrale des Lamila et Nyoro occupée par l’église catholique d’Ariwara. Le total d’hectares fait 550. L’église veut prendre 520 ha et ne laisser que 30 ha pour les pauvres paysans alors que nos grands parents ne leur avaient donné qu’environ 10 hectares seulement. C’est inacceptable. »
Contexte
Au moins une personne a été tuée et plusieurs autres blessées samedi 04 juin dernier lors d’une opération de démolition des constructions « anarchiques » érigées par des habitants des villages Lamila et Nyoro dans la concession disputée de l’église catholique locale. Une opération intervenue sous une forte militarisation du site à partir de 4h du matin dans le cadre de l’exécution d’un jugement du tribunal. Les villageois accusent les catholiques d’avoir aggrandi cette concession au-delà de l’espace leur accordé par leurs ancêtres ainsi que d’user de leur influence et notoriété pour remporter toute bataille judiciaire autour de ce conflit foncier de longue date. De son côté l’église qui a eu gain de cause devant la justice, défend la version de la spoliation de sa concession par des illégaux.
Rédaction