Dans la province de l’Ituri au Nord-est de la République démocratique du Congo, plusieurs camps de pêche sont inondés depuis plus de 6 mois par les eaux du lac Albert. C’est le cas de l’île de Rukwanzi, querellée par la RDC et l’Ouganda, il y a quelques années, qui est désertée par ses pensionnaires pour Kasenyi, Tchomia et autres endroits. Ces localités de refuges sont elles-mêmes aussi sous l’eau, ne sachant à quelles autorités et organisations s’adresser pour être entendues et accueillir les nouveaux arrivants. Toutes les pêcheries englouties déversent de façon désordonnée, leurs anciens habitants qui ne savent exactement où aller et sous quel toit loger, tout le monde étant sinistré. Leurs maisons détruites, tous les pêcheurs du littoral congolais du lac Albert ainsi que toutes ces personnes dont la vie dépend des produits de pêche, errent stupéfaits ne sachant à qui se fier.
C’est le député national honoraire Dieudonné Upira Sunguma qui alerte l’opinion tant nationale qu’internationale sur ce drame.
Se confiant ce mercredi 10 juin 2020 à la rédaction d‘Orientalinfo.net, ce notable de Mahagi ne cache pas sa désolation face à l’indifférence manifeste du gouvernement congolais sur cette situation désastreuse.
« Décidément, la RDC est un pays qui, si l’on ne fait pas attention, peut disparaître incessamment. Tout le monde le constate, malheureusement l’impression que tout le monde a, est que le Gouvernement congolais est le seul à ne pas le voir. En effet, le territoire congolais est envahi de toutes parts. Par terre comme par mer, les populations sont sinistrées et leurs cris de détresses sont sans une seule réponse; sinon des réponses sélectives. »
Risque de potentiel conflit de limites avec l’Ouganda
Pire encore déplore notre interlocuteur, même les limites frontalières sont menacées. A Kolokoto par exemple, la sacrée pilonne qui marque la frontière entre la RDC et l’Ouganda, est envahie jusqu’à la gorge par les eaux au risque de tomber dans quelques jours. Ce qui aura pour conséquence, la perte des repères historiques acquis pourtant avec trop d’efforts. Ainsi, l’actuel pouvoir pourrait léguer à la prospérité des très coûteux et inutiles conflits des limites car les morceaux de fer feront bientôt l’affaire des priseurs des mitrailles.
« Ce qui fait la honte de la Nation Congolaise, est que du côté de l’Ouganda, le gouvernement a délocalisé dans des bonnes conditions, les pêcheurs ougandais traversant les mêmes situations. Par contre, les pêcheurs congolais qui y étaient, sont tout simplement expulsés. » fait observer M. Upira.
Des sources concordantes rapportent qu’actuellement, de nombreux pêcheurs en difficulté sont revenus au pays gonfler encore le nombre des personnes déplacées dans le littoral congolais du lac Albert se trouvant sans aucune assistance humanitaire dans une région marquée par l’activisme de la milice de la Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO).
Résurgence des maladies
Du point de vue sanitaire, tous les médecins chefs de Zone de Santé du littoral congolais du lac Albert confirment déjà la résurgence des diverses maladies, comme le Choléra, la schistosomiase, le paludisme dans ce coin du pays. Les enfants de leurs côtés, développent la malnutrition et plusieurs grossesses sont involontairement interrompues sans compter le nombre de décès sporadiques.
« Le comble dans tout ça est que le Gouvernement Congolais, au lieu de secourir son peuple, il envoi plutôt les éléments de la Force Navale ainsi que les services de pêche et de l’Environnement pour piller encore systématiquement de ce qui reste, comme par miracles, de ces sinistrés pêcheurs. Pourtant, l’humanisme obligerait un Gouvernement congolais responsable, d’alléger plutôt les mesures administratives et permettre à ces pêcheurs et les populations riveraines de survivre. A fortiori, même les champs et leurs élevages sont engloutis par les eaux. » se désole l’ancien ministre de la fonction publique.
A lui d’ajouter :
« Cette indifférence fait croire que décidemment, le littoral congolais du lac Albert n’est pas du tout de la priorité du gouvernement. De quoi conclure aussi automatiquement, que le littoral congolais du lac Albert est un sinistre, délibérément oublié par le Gouvernement congolais ! »
Appel à l’aide humanitaire d’urgence
Upira Sunguma lance de l’occasion un appel pathétique aux parlementaires, spécialement ceux de l’Ituri, aux organisations caritatives ainsi qu’aux personnes de bonne volonté pour secourir d’urgence ces sinistrés en vivre et non vivres.
« Les pêcheurs et la population riveraine du littoral congolais du lac Albert meurent! Les urgences ne sont pas que seulement les combats contre la COVID-19 ou la CODECO, mais aussi secourir et sécuriser cette population. Continuez à attendre, vous serez accusés de la non-assistance à vos frères et sœurs en danger. Toutes les vies sont sacrées. Toutes les vies des congolaises et des congolais sont la vie des congolais. Les interventions discriminatoires du Gouvernement pour prendre en charge les sinistrés révoltent! »
La même source indique avoir contacté des les différentes autorités étatiques à partir des Chefs des Chefferies, les Administrateurs des Territoires de Mahagi, de Djugu et d’Irumu , les institutions provinciales et nationales pour une solution sans succès. Elles auraient émis la traditionnelle mélodie : “ toutes les dispositions sont prises » pour venir en aide à ces sinistrés sans en apporter la preuve sur le terrain plusieurs mois après.
Héritier Mungumiyo