En territoire de Niangara, dans la province du Haut-Uele au Nord-est de la République Démocratique du Congo, deux élus provinciaux de cette circonscription électorale, s’impatientent deux mois après, de la réaction des autorités face à la situation sécuritaire catastrophique liée au déferlement des éleveurs étrangers armés Mbororo.
Dans une correspondance adressée au gouverneur de province en avril dernier, Vincent Ndombe et Alexandre Matsaga, dénonçaient pourtant un accroissement démographique criant de ce peuple pasteur, ayant trouvé refuge dans cette partie du Haut-Uele depuis 2017 après être chassés des autres territoires.
À ces jours, ces mbororo occupent quatre chefferies sur les six que compte le territoire de Niangara, y compris son chef-lieu et imposent leur loi :
« Les éleveurs mbororo, entrés illégalement en RDC, sont arrivés dans notre territoire en 2017. Ils occupaient alors la rive droite de l’Uele (rivière), principalement dans ma chefferie Manziga. Depuis lors leur nombre ne fait qu’augmenter, et en 2021 on assiste à un véritable déferlement de ces éleveurs et leurs cheptels dans notre territoire. Tous les mbororo qui étaient chassés des autres territoires ont trouvé refuge à Niangara grâce à la complicité de certaines autorités administratives et coutumières. Leur présence cause de l’insécurité dans ce territoire à cause des armes qu’ils détiennent illégalement et qui leur permettent de s’attaquer aux populations autochtones et s’accaparer de leurs terres. »
Et comme si cela ne suffisait pas, les bêtes de ces “ envahisseurs ” ravagent impunément les cultures des habitants, et les victimes de ces dévastations restent non indemnisées.
« Les vaches souillent les points d’eau, vident l’eau des sources où elles s’abreuvent et la population se heurte à des difficultés pour se ravitailler en eau potable. Les mbororo brûlent les savanes en désordre, les feux de brousse qui en résultent détruisent des maisons d’habitation et autres constructions. Ils menacent et s’attaquent à toute personne à la recherche de bois de construction en brousse ou qui veut mettre des pièges à gibier, ils interdisent même la pêche dans les rivières et ruisseaux dans le territoire. »
Cette situation est à la base des tensions persistantes entre la population et ces éleveurs, occasionnant mort d’hommes, de part et d’autre :
« La population exige leur départ immédiat conformément au discours du chef de l’État qui avait promis leur rapatriement dans leurs pays d’origine et à la promesse faite par le gouverneur de province lors de sa visite à Niangara en 2019 exigeant leur départ sans condition », détaille la correspondance.
Ces élus qui s’inquiètent du mutisme des autorités du pays face à leurs réclamations, attirent leur attention en vue de prendre des mesures idoines pour en finir avec cette problématique et prévenir le drame qui se profile à l’horizon, la population étant prête à se lever pour défendre ses intérêts.
Joël Lembakasi / Isiro