La première campagne agricole 2019 soutenue par le Parc National de la Garamba (PNG), situé dans la province du Haut-Uele, au Nord-est de la République Démocratique du Congo, a remporté un succès incroyable. Elle a nettement amélioré la production agricole et les revenus des ménages. Au total, 155 tonnes de produits agricoles ont été récoltés, générant près de 140 mille dollars américains – soit plus de 255 millions de FC – pour les ménages bénéficiaires dans le cadre de sa première campagne agricole se félicitent les gestionnaires de cette Aire Protégée.
Cette campagne inédite a aussi permis au PNG d’encadrer près de 3 500 personnes vivant à proximité et dans les Domaines de Chasse Azande, Gangala na Bodio et Mondo-Missa en cultures maraîchères, cultures vivrières, vaccinations de volailles, cacaoculture et apiculture.
Dans un communiqué de presse rendu public le 22 juillet dernier à Nagero, son siège administratif, il précise que ces résultats ont été obtenus grâce à la mobilisation des 30 agronomes de la Direction du développement durable du PNG et de ses partenaires et au financement du programme Environnement et Agriculture Durable de l’Union européenne.
Lancé sur le terrain début 2019, le programme agroécologie du PNG soutient les communautés riveraines en partenariat avec l’Organisation pour la Protection de l’Environnement et le Développement (OPED) et Solidarité et Assistance Intégrale des Personnes Démunies (SAIPED), dans les domaines de chasse Azande, Gangala na Bodio et Mondo-Missa et dans la zone riveraine.
Les activités d’appui en agroécologie visent à améliorer les pratiques agricoles, respectueuses de l’environnement, afin qu’elles génèrent des revenus supplémentaires et améliorent leurs conditions de vie des communautés. Ces activités concernent les filières de cultures maraîchères, cultures vivrières, petit élevage et santé animale, cacaoculture, apiculture, pisciculture, carbonisation durable, palmier à huile et caféiculture. En 2019, le programme a obtenu des résultats encourageants dans les cinq premières filières citées.
En cultures maraîchères, l’objectif spécifique est d’intensifier le développement de cette filière dans la région. Les 95 bénéficiaires de 2019 ont été accompagnés dans la production de plus de 63 tonnes d’amarante, aubergine, chou, ciboule, oignon et tomate (tableau 1).
Pour les cultures vivrières, 321 producteurs ont travaillé sur l’arachide, le haricot et le maïs en les associant sur les mêmes parcelles afin d’en améliorer les rendements et d’augmenter leur rentabilité.
En petit élevage et santé animale, la priorité est de moderniser l’activité et de réduire la mortalité des bétails. Deux campagnes de vaccination de volailles ont été menées en faveur de 2 696 bénéficiaires (tableau 2).
En cacaoculture, le Parc souhaite structurer une filière de cacao biologique pour l’exportation et accompagne 168 cacaoculteurs.
Enfin en apiculture, il s’agit de moderniser l’activité en améliorant la conduite des ruches et la commercialisation du miel. C’est pourquoi le Parc a soutenu la mise en place de 8 comités d’apiculteurs et de 8 ruchers écoles abritant 94 ruches (tableau 3). Les premiers résultats des filières maraîchère, vivrière et de Chia ont permis aux bénéficiaires de générer un revenu total de 225 594 615 FC en 2019.
Dans les autres filières, les productions sont en cours ; les revenus seront générés à partir de 2020 pour l’apiculture, le manioc et et l’ananas et à partir de 2023 pour la cacaoculture.
L’appui du programme agroécologie à de nouvelles activités conjuguées à l’amélioration des pratiques agricoles permettront d’améliorer encore les bénéfices pour les communautés en 2020. Ces nouvelles activités concernent la pisciculture, la carbonisation durable, le palmier huile et la caféiculture, qui seront développées sur base des résultats des études diagnostiques.
Les résultats positifs obtenus 2019 suscitent des réactions de satisfaction des producteurs.
« Avec l’accompagnement du Parc en 2019, j’ai produit pendant la campagne agricole 12 sacs d’arachides (420 kg) sur ma parcelle de 2 700 m². Avec l’argent que j’ai obtenu de la vente d’arachides j’ai pu commencé la construction d’une nouvelle maison en semi-durable. » a témoigné Lapi Marindo, producteur vivrier au village de Sadi, dans le groupement de Djabir.
Pour le Coordonnateur de l’ONG OPED, Matthieu Kamba Tamaru, « L’appui technique que nous avons apporté en 2019 aux bénéficiaires du Parc va se poursuivre en s’améliorant. Par exemple, dans les zones comme Djabir, Faradje, Mandara et Tadu que notre organisation couvre, les paysans cultivaient les champs sans aucune notion de protection de la forêt et du sol. Ce n’est plus le cas. Depuis 2019 nos appuis-conseils font la promotion de l’agroforesterie, de l’associations de cultures, de la non utilisation d’engrais chimiques ou de pesticides. Tout ceci va permettre d’enregistrer de nombreuses avancées en termes de productions, revenus et amélioration du niveau de vie des bénéficiaires. »
Selon le Directeur du Développement Durable du PNG, Thierry Normand: « L’objectif du programme agroécologie en 2019 était de démarrer rapidement l’appui aux paysans afin d’établir une relation de collaboration pour améliorer le bien être des communautés. Pour la suite des activités, le Parc mettra en place l’approche champ-école paysan. Cette approche interactive est une méthode non formelle d’éducation où l’apprentissage se fait par la pratique. Les producteurs sont impliqués dans l’expérimentation, les discussions et la prise de décision sur la gestion d’un champ en partant de sa situation existante. C’est une école « sans mur », un cadre de rencontres et de formations pour un groupe de 20 à 30 producteurs, qui se déroule dans un champ, tout au long de la campagne agricole. Chaque groupe de producteurs est encadré par 2 à 3 paysans-relais, choisis le groupe. Le programme agroécologie vise à former 175 paysans relais. »
Il sied de noter que Parc National de la Garamba (PNG) a été créé en 1938. Il est actuellement géré par African Parks Network (APN) dans le cadre d’un partenariat avec l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) depuis 2005. Le Parc National de la Garamba bénéficie de l’appui de l’Union européenne qui finance le programme « Environnement et Agriculture Durable – EAD » sur le 11ème Fonds Européen de Développement (FED). Ce programme contribue à la conservation des ressources naturelles et à l’amélioration du bien-être socioéconomique des communautés en République Démocratique du Congo.