C’est dans un mémorandum daté du 26 juillet 2020 que la population du village Nekalagba a saisi le gouverneur de la Province du Haut-Uélé pour se plaindre de la vente illégale de leurs savanes aux éleveurs Hema par l’Administrateur du Territoire de Rungu, monsieur Jules Magbay.
Cette population a fait le constat d’un important mouvement migratoire des éleveurs Hema dans sa contrée, avec plusieurs têtes de vaches. Elle accuse deux autorités dans cette occupation illégale de leurs savanes. Il s’agit de l’Administrateur du Territoire de Rungu et le Chef de la Chefferie Azanga.
En effet, ces deux autorités incriminées sont accusées d’avoir négocié une aliénation illégale et illicite du patrimoine foncier de Nekalagba pour dix ans, non seulement en violation flagrante de la loi foncière en vigueur en RD Congo qui ne donne aucune compétence à un Administrateur de Territoire un pouvoir exorbitant à un chef de chefferie, mais aussi au détriment de la population signataire du mémorandum. Cette population signale qu’elle a été contrainte d’apposer sa signature sur un contrat à travers lequel l’Administrateur de Territoire et le Chef de la Chefferie Azanga ont accordé aux éleveurs Hema des savanes pour une durée de 10 ans en contrepartie des 500.000 Francs Congolais.
Cette occupation illégale et illicite des savanes par les vaches, peut-on lire dans le mémorandum dont Orientalinfo.net s’est procuré une copie, traîne un cortège macaque de conséquences fâcheuses sur l’environnement, la santé et les activités agricoles des paysans. Notamment, les sources d’eau sont polluées par les vaches, mettant en danger la santé de la pauvre population ; les champs et cultures sont ravagées par les vaches, et les bêtes du domaine de chasse ont presque déjà disparu de ces savanes !
Par ailleurs, sur le banc des accusés, figure un autre responsable, le conservateur du domaine de chasse de Penge. Il lui est reproché l’autorisation de l’exploitation frauduleuse du bois dans ce domaine de chasse de la réserve de la faune d’Epulu, et cela de connivence avec le chef de la chefferie Azanga.
La population de Nekalagba alerte ainsi l’autorité provinciale sur les menaces que représentent les troupeaux de vaches sur la faune et la flore de cette entité, sur la survie des habitants dont les activités agricoles sont sérieusement mises en danger mais aussi sur l’insécurité dont les éleveurs Hema sont souvent auteurs dans leurs mouvements migratoires.
Les signataires du mémorandum appellent le gouverneur de Province à diligenter une enquête sur terrain afin d’établir les responsabilités, sanctionner éventuellement les personnes incriminées et de déguerpir les éleveurs et les exploitants de bois qui opèrent en toute violation de lois de la République.
Contacté, l’administrateur incriminé parle d’une fausse information inhérente au manque de connaissance des textes réglementant l’administration publique.
« L’administrateur n’a pas qualité de vendre la savane. Nous sommes de l’administration publique et c’est régulièrement que nous sommes appelés pour tabler sur les conflits récurrents entre cette population et éleveurs dans la contrée », a dit J. Magbay.
Pour rappel, le village de Nekalagba se trouve à 57km d’Isiro sur la RN 26 dans le groupement Madjabe, Chefferie Azanga, Territoire de Rungu.
Rédaction