En province du Haut-Uele au Nord -Est de la République Démocratique du Congo, la problématique des éleveurs étrangers Mbororo ne cesse d’énerver les couches sociopolitiques de la région.
Cette fois-ci, ce sont les chefs de sept chefferies du territoire de Niangara qui viennent de sortir de leur silence et exiger le départ dans un bref délai de ces éleveurs étrangers armés.
Ces gardiens de coutume l’ont fait savoir ce weekend à Niangara centre, à l’issue d’un atelier de deux jours organisé par l’organisation non gouvernementale Action pour la Promotion Rurale, APRU en sigle en collaboration avec le gouvernement provincial du Haut-Uele avec l’appui de Pax pays Bas.
Dans leur déclaration lue par sa majesté Freddy Atinengwe Adama III, chef de chefferie Mangbetu, ils évoquent l’impossibilité de cohabitation pacifique entre les peuples autochtones qui sont sédentaires et agriculteurs et ces Mbororo nomades et éleveurs pour justifier leur prise de position. Une situation, renchérissent-ils, à la base de plusieurs incidents liés à la présence de ces éleveurs étrangers :
« […] considérant surtout le temps déjà écoulé de cette problématique Mbororo à Niangara et Dungu dans le Haut-Uele, sans laisser dans l’ombre la léthargie observée dans la transhumance Mbororo, nous continuons à enregistrer plusieurs incidents malheureux dus à la présence calamiteuse de ces envahisseurs armés. Il s’ensuit des conséquences aussi néfastes telles que : morts d’hommes, la perturbation de l’écosystème, la destruction des champs entiers par leurs bêtes en quête de pâturage, la destruction répétée de nos forêts et savanes par le feu de brousse sans tenir compte de l’avancée intraitable du désert […] », peut-on lire dans cette déclaration de deux pages.
Ainsi, ces autorités coutumières demandent aux autorités tant provinciales que nationales, entre-autres le rétablissement et protection de l’autorité coutumières dans les chefferies affectées par le phénomène Mbororo ; la Protection et assurance de l’inviolabilité de frontières Congolaise accessibles aux envahisseurs Mbororo.
Elles demandent par ailleurs, aux autorités de donner un bref moratoire aux envahisseurs armés Mbororo pour leur rapatriement pacifique car :
« Étant cultivateurs, nous ne voulons pas la présence de ces derniers; Déterminer le couloir idéal de leur rapatriement allant de BANDA, passant par BOKI afin de déboucher au Soudan du Sud, au Tchad ou en République centrafricaine selon le cas; Sécuriser d’avantage les populations les plus affectées par le phénomène Mbororo ainsi que leurs biens; Envisager un programme à court ou moyen terme susceptible de contribuer au reboisement des forêts et savanes ainsi dévastées; Établir la responsabilité pénale et sanctionner conformément à la loi, les structures ou services étatiques et para-étatiques qui intéressent sournoisement dans la tentative de maintien des ces envahisseurs armés…» concluent-ils.
Signalons que cet atelier de deux jours dont la salle des réunions du couvent des sœurs dominicaines de Niangara a servi de cadre, a réuni notamment le directeur du cabinet du ministre provincial de justice et droits humains, le conseiller spécial de ministre provincial de l’intérieur et Chef de division provinciale des actions humanitaires, la société civile provinciale, les Scientifiques de l’université de l’Uele, les députés provinciaux élus de terroir, l’administrateur du territoire Niangara accompagné des membres du comité local de sécurité, les autorités coutumières et les acteurs de la société civile locale.
Jean-Claude Malitano, le coordonateur de l’APRU a, de l’occasion, invité les participants à la non violence, à faire confiance aux autorités et suivre leur mot d’ordre tout en rassurant de présenter toutes les recommandations formulées lors de ces assises à qui de droit.
Pierre Mungu Guma