Son nom n’est pas très connu du grand public. Au sein du microcosme financier par contre, Francine Bonane est une personnalité. C’est elle qui se charge des opérations au sein de la Rawbank Doko. Depuis 2013, dans cette province qui s’appelle le Haut-Uele au Nord-est de la République Démocratique du Congo, c’est donc une femme à la réputation très professionnelle et atypique ayant gravité différents échelons dans les services bancaires. D’abord comme caissière secondaire puis principale, ensuite trésorière, préposée aux opérations et finalement en devenir responsable, aucun circuit de la Rawbank ne lui échappe d’Isiro à Doko.
Orientalinfo.net est parti à la rencontre de cette dame discrète et que l’on dit dynamique. Très gentille et facilement abordable, elle est loin d’être effacée. On n’occupe pas de si hautes responsabilités en rasant les murs ou en s’excusant. On devine un mélange d’assurance et de force intérieure. Avec ce genre de profil, l’expression “sexe faible“ serait rapidement bannie des dictionnaires.
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Francine Bonane Bokeka est détentrice d’une licence en sciences économiques et de gestion, promotion 2009 de l’Université de l’Uele (UNIUELE) avec la mention distinction. De l’école maternelle au foyer de l’ISP Isiro à l’école primaire au groupe scolaire Asibu en passant par ITCAT/Tely où elle fît ses études secondaires jusqu’à l’Université, elle est parmi les rares filles ayant toujours occupé la première place de sa classe et ignoré la notion de la deuxième session de l’examen.
Fin 2009, après les études universitaires, elle est maintenue assistante à l’UNIUELE et y deviendra l’année suivante secrétaire de la faculté des sciences économiques et de gestion. Pendant les élections de 2011 au pays, soucieuse de la stabilité précaire, cette dame de 34 ans aujourd’hui, a œuvré notamment, comme formatrice des agents de la Ceni à différents échelons afin de doter les institutions de leurs dirigeants.
Son entrée à la Rawbank
L’histoire est assez longue, pas du tout linéaire, et surtout remarquable.
« C’est grâce à mon aptitude de vouloir toujours rendre service à ma communauté que j’ai ai eu l’emploi à la Rawbank » relate-t-elle avec fierté et sentiment de profonde reconnaissance
En 2012, Francine Bonane fait partie de l’équipe de trois économistes sélectionnés par le recteur Père Roger Gaise de l’UNIUELE pour mener les enquêtes au siège de cette institution bancaire à Kinshasa en prévision de l’installation d’une de ses succursales dans la ville d’Isiro, chef-lieu de district du Haut-Uele à l’époque, devenue province. « Cela m’avait permis d’entrer en contact les responsables de cette banque ».
La détermination
En septembre de la même année, elle prend connaissance de l’organisation d’un test d’embauche au niveau de Bunia pour l’installation de la Rawbank à Watsa. « Nous étions allés tester notre connaissance à ce concours qui avait réuni plus de 80 personnes venus de différentes provinces du pays et pour lequel on avait jusque besoin de 6 personnes pour le démarrage. Parmi les 8 candidats de l’Université de l’Uélé, j’étais la seule à être retenue, occupant la deuxième place après mon collègue René Chelo avec qui nous avons commencé la banque ensemble à Watsa; aujourd’hui chef d’agence d’Isiro. »
Trois mois plus tard, s’en suivra une série de formation de 6 mois séquencée trimestriellement à Bunia et à Kinshasa avant la signature d’un contrat le 02 mai 2013.
Toujours chercher l’équilibre
Dans un pays où le taux de chômage des jeunes reste très élevé, le gouvernement peine à créer de l’emploi et les universités se sont transformées à un lieu de formation par excellence des débrouillards, Francine Bonane se réjouit d’avoir un emploi stable et noble depuis six ans lui garantissant une crédibilité en plus de lui permettre d’accéder aux grandes personnalités de tout genre. « Malheureusement comme dans toute entreprise privée, l’employeur nous occupe en temps plein à tel enseigne qu’on a pas le temps pour nous-mêmes. Mais grâce à la programmation, nous essayons toujours de donner le meilleur de nous même en cherchant l’équilibre entre l’emploi, la famille et le social » dit-elle.
Sa perception du secteur banque
Pour Francine Bonane Bokeka, le secteur bancaire est un moteur de développement dans un milieu où il existe des fonctionnaires et des opérateurs économiques. Elle exhorte à la culture bancaire pour conduire à bannir la mauvaise habitude de consommer sans la notion d’épargne ayant élu domicile dans la région depuis une nuit de temps et surtout auprès des orpailleurs. Ici, toute idée d’épargner pour réaliser des grands projets d’investissement et garantir l’avenir est loin de rencontrer l’assentiment de nombreuses personnes pour qui le salaire a un caractère éternel. « On a tendance à penser qu’on peut tout consommer aujourd’hui avec l’espoir de gagner un autre le mois suivant. Nous devons apprendre à epargner ».
Promotion de la femme
Toujours déterminée et partisane d’un travail assidûment bien fait, Francine Bonane est hantée par le goût de la perfection. Pour elle, la société doit donner de place non négligeable à la femme car la femme intellectuelle incarne une capacité incomparable. « Si elle est placée dans les mêmes conditions que l’homme, elle est capable de mieux faire que ce dernier en condition qu’elle reconnaisse sa valeur. »
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Cette perle de la parité vivante conçoit très mal qu’au siècle de la planète 50-50, que les femmes de sa région soient restées en marge de l’initiative de l’ONU. « Les femmes doivent voir au-delà de leurs nez, de petites concurrences liées à l’accoutrement, la beauté sont à bannir. Nous devons nous imposer par notre savoir faire afin de se valoriser et être utile à la société. »
F. Bonane estime que le leaderships féminin et l’émancipation de la femme réclamée à longueur de la journée passe inévitablement par le travail et non le favoritisme. « Les femmes doivent se solidariser pour aider leurs semblables femmes à développer leurs facultés intellectuelles pour contribuer au développement de leur pays. Ne pas se fier aux fonctions de nos hommes, parents pour se valoriser ».
» IL N’Y A AUCUNE CHANCE, AUCUN DESTIN, AUCUN SORT QUI PEUVENT NUIRE À LA FERME RÉSOLUTION D’UNE ÂME DÉTERMINÉE«
Au moment où la jeune province du Haut-Uélé naît depuis 2016 se trouve à la croisé de chemins, au paroxysme de son histoire, aucun digne fils ou fille de cette province ne peut rater donner sa thérapie pour son décollage à l’arrivée des nouvelles autorités. Francine Bonane refuse de finir notre entretien sans en glisser le sien. La volonté politique; la bonne collaboration entre les autorités et leurs sujets; des critiques positives constructives; la contribution de chaque citoyen dans la construction de l’édifice et le changement de mentalité résume son secret du bon décollage de la province, scandaleusement très riche mais dont la population croupie dans la misère notamment faute des infrastructures de base et d’une bonne politique distributive.
Elle se juge “ intègre, honnête, habile au travail et bonne capacité d’adaptation“, elle aimerait vivre le développement de son pays en général et de province en particulier.
Héritier Mungumiyo