Le Vice-premier ministre et ministre de l’intérieur, sécurité et affaires coutumières, Gilbert Kankonde Malamba (sur la photo), a affirmé jeudi 03 septembre 2020 avoir exhorté le géant minier du Haut-Uele à s’imposer certains sacrifices à travers une concession d’une partie de son périmètre pour l’exploitation artisanale d’or afin de sauvegarder la paix sociale au tour de sa mine implantée à Doko, dans le territoire de Watsa, province du Haut-Uele, au Nord-est de la République Démocratique du Congo..

Il répondait à une question sur la problématique de l’envahissement du périmètre de cette entreprise minière par des exploitants artisanaux. C’était au cours d’une interview accordée à la presse à Doko avant de quitter la contrée au terme d’une mission de 48heures conduite sur place.

« J’ai pu noter positivement que les difficultés d’affrontements et d’invasions de cette concession, ils (Kibali et communauté) avaient déjà une expérience de cela. En 2016, cela était arrivé. Les gens s’étaient retrouvés, des actes d’engagements ont été signés. Je crois qu’il est plus que temps qu’ils puissent procéder à l’évaluation de ce cadre pour qu’on sache ce que les uns et les autres devaient accomplir en terme d’obligations mutuelles. Et une fois que cette évaluation est établie, on pourra repartir sur des bases saines ».

À G. Kankonde d’ajouter :

« J’ai exhorté à Kibali Gold à dépasser un peu ce cadre là dans la mesure où les attentes de la population sont énormes. Je vous ai dis que c’est avec raison ils peuvent éventuellement voir dans quelle mesure rendre opérationnelles certaines zones d’exploitation artisanale par ce que dans leur état naturel, le travail artisanal ne peut rien y faire. Des petits travaux que l’on peut entreprendre sur ces sites de sorte en ce que ceux qui viennent avec des moyens rudimentaires puissent aussi trouver leur compte, je pense que c’est un effort social que la société puisse aussi faire ».

Toute fois, le numéro deux du gouvernement Sylvestre Ilunga Ilukamba a mis en garde les jeunes désœuvrés contre la violation d’une concession privée couverte par un permis d’exploitation au risque de s’exposer à la rigueur de la loi, d’autant plus que le partenaire Kibali GoldMines est de bonne foi et s’acquitte loyalement de toutes ses obligations légales. L’État et ses partenaires envisagent en perspective des activités alternatives par des formation, encadrement et des investissements connexes a-t-il dit.

« Lorsque vous violez une propriété privée, il est de plus normal que le propriétaire puisse réclamer ses droits et demander que sa propriété soit respectée ».

Gilbert Kankonde a quitté la région avec un sentiment de satisfaction d’avoir renforcé la disponibilité des parties prenantes à dialoguer pour une solution durable étant donné que « Kibali GoldMines ne doit pas être un îlot de prospérité dans un océan de misère ».

La veille, lors d’une table ronde organisée sur la question, Kibali GoldMines par la bouche de son chargé de relations publiques, indiquait que l’envahissement de son périmètre par des artisanaux met en péril la vie de sa mine car la durabilité d’une mine repose sur des réserves minières. L’entreprise minière se remet à l’État congolais pour recouvrer ses droits. Elle s’inquiète également de l’insécurité grandissante tendant à perturber la présence des investisseurs dans la contrée notamment avec la destruction d’un de ses campements d’exploration avec molestation de ses géologues lors de la dernière manifestation des orpailleurs et la circulation des armes de guerre dans des carrés miniers.

« Si aujourd’hui, Kibali ne sait pas accéder à son périmètre pour des recherches, la vie de sa mine est tout simplement compromise », a fait remarquer Jean-Pierre Mbulio.

Le souhait de KGM est que les choses se passent correctement dans le respect des lois par toutes les parties prenantes pour une bonne cohabitation pacifique afin de permettre à la population de se retrouver et que l’invetisseur jouit correctement de ses investissements. L’entreprise a aussi plaidé pour l’évaluation du contrat social signé après les événements malheureux de mars 2016 car convaincue d’avoir accompli sa part des obligations avec la création de 26 ZEA restées non opérationnelles pour diverses raisons.

De son côté, le ministre des droits humains, André Lite, a proposé au géant aurifère de penser à la création d’un département de dialogue et stratégie avant d’inviter la population riveraine à bannir les violences comme mode de revendications au risque de compromettre leurs droits.

Pour Atama Tabe, ex ministre de la défense et président du caucus des élus du Haut-Uele, il faut créer des activités alternatives à l’exploitation minière artisanale pour une solution durable à cet sempiternel conflit entre les miniers et les artisanaux. Il souhaite que cette mission soit un début de la solution aux préoccupations soulevées par la population.

« Nous sommes appelés à faire respecter la loi. Lorsque la voie de négociation ne réussit pas, on recourt au moyen fort pour faire respecter la loi. Le code minier dispose qu’aucune activité artisanale ne peut se faire dans le périmètre attribué à une société industrielle. Toute fois, les orpailleurs, quand vous les chassez dans la concession attribuée à une société minière, il faut leur trouver une solution palliative, il faut les orienter vers des sites où ils peuvent se débrouiller ».

Rappelons que Gilbert Kankonde a bouclé dimanche dernier, sa première mission officielle d’itinérance axée sur la paix et le développement dans la grande Orientale démembrée. Lui et sa délégation constituée du ministre des droits humains et des parlementaires étaient respectivement à Watsa, Isiro, Buta via Kisangani.

Nanou Mokuba Enkatoya