Il y a deux ans, des rumeurs faisant état d’un conflit de pouvoir coutumier en chefferie de Mayogo Magbaie ayant son chef-lieu à 75 kilomètres de la ville d’Isiro sur la RN 25 dans le territoire de Rungu, province du Haut-Uele au nord-est de la République Démocratique du Congo, circulent dans l’opinion.
Un certain Lianganda se réclamant héritier du trône quelques dix mois après la mort du défunt grand chef Somana Tololima Doto Léon, décédé et inhumé en juin 2020, proviendrait de Lubumbashi où il se serait exilé depuis l’usurpation de son pouvoir par le défunt, passant sur les antennes des radios locales pour réclamer ce qui lui reviendrait du droit, avant de refaire surface depuis le troisième trimestre de l’année encours par le même canal après une trêve de plus ou moins une année.
Interrogé, à ce sujet, l’actuel chef de cette entité coutumière ayant succédé à son père, Justin Somana Mondali se veut très serein, parle des agitations stériles pour tenter de désorienter l’opinion et appelle ses administrés à l’apaisement, précisant qu’il n’y jamais eu de conflit de pouvoir depuis l’existence de cette juridiction sous statut de chefferie.
S’agissant de l’organisation de l’administration coutumière, notre source indique que la constitution du pays est on ne peut plus claire quant à ce, retraçant tout le processus pour l’intronisation. Justin Somana renseigne par ailleurs que comme tout le monde, il en a appris à travers les ondes et les réseaux sociaux.
« Depuis la création de la cheffe Mayogo Magbaie, il n’y a jamais eu un conflit de pouvoir. Je ne connais même pas, ni n’ai jamais vu celui qui se réclame ayant droit, moins encore son origine. Tellement que la politique de nos jours se fait sur les radios et les réseaux sociaux, le pouvoir coutumier ne s’y réclame pas. Il n’y a pas de conflit de pouvoir coutumier à Magbaie, il n’y qu’une seule famille régnante (Masomana), la mienne, d’où viendra le conflit ? Et à ce sujet, la loi a tout tranché, le rendant le pouvoir le plus stable de notre République. Il est aberrant de penser qu’on peut se réveiller un certain matin et devenir chef comme je le suis aujourd’hui. La loi établit un certain nombre de critères pour accéder au trône coutumier, tels que la vacance du pouvoir et/ou la suspension du chef en exercice qui peut entraîner la réunion de la famille régnante pour désigner le successeur avant l’intervention du pouvoir public. Dans le cas échéant, par quelle magie peut-on prétendre prendre le pouvoir alors que le détenteur est vivant, non suspendu et non déchu par la famille régnante. Depuis 1924, aucun conflit n’a été signalé dans ma juridiction. Il y a eu succession de huit différents chefs et je suis le neuvième intronisé par la famille régnante. Il est irréaliste un siècle après que quelqu’un dont le père n’a été chef réclame le pouvoir. Un rêve fou donc qu’il pense me remplacer alors que notre régime est patriarcal, d’ores et déjà je prépare mon Héritier », a expliqué Justin Somana.
Le mwami appelle ses administrés à l’apaisement, ne cédant pas à ces tintamarres du marché qui tendent à désorienter leur attention. Le chien aboie et la caravane passe, a-t-il conclu. Pour rappel, Justin Somana Mondali a été intronisé chef de chefferie par la coutume, fin juin 2020 à la succession de son défunt père Somana Tololima Doto Léon.
Joël Lembakasi/ Isiro.