Le bulldozer en pleine opération de démolition des maisons le 20 octobre 2021 à Mege /Ph, Orientalinfo.net

La mission parlementaire ad hoc constituée du député national Jean Marc Mambidi et des sénateurs Jean-Pierre Batumoko et Jean Bakomito, a bouclé et transmis a qui de droit, son rapport sur la démolition et le déguerpissement de la population des villages Bandayi et Mege situés dans la cité minière de Durba, territoire de Watsa, province du Haut-Uele au nord-est de la République Démocratique du Congo.

Ce rapport de 61 pages consulté ce mercredi 10 novembre par Orientalinfo.net, résulte d’un travail laborieux d’une semaine mené au lendemain des échauffourées qui ont émaillées cette cité du 21 au 23 octobre dernier en guise de protestation contre cette démolition causant ainsi d’importants dégâts humains et matériels.

Il fait également état des échanges réalisés avec les personnes contactées incluant toutes les parties prenantes, les faits relevés, les analyses de faits, le bilan et l’état de besoin.

Pour ces trois parlementaires, le déguerpissement du village Mege a été opérée avec vice de procédure par la commission provinciale chargée de mener cette opération sans mise en demeure, ni sensibilisation et moins encore des dispositions humanitaires préalables contrairement à celui de Bandayi :

« Le déficit communicationnel dans le chef de la commission provinciale avant les opérations déguerpissement et démolition du village Mege. Toutes les émissions et interviews de sensibilisation réalisées par les autorités ne concernaient que la population de Bandayi et non celle de Mege, faisant aussi partie de la zone B de Kibali GoldMines », font-ils observer.

Dans leur analyse de la situation, ces élus précités constatent que la population de Mege n’a pas bénéficié de la même procédure suivie par la commission pour la démolition de leurs maisons et leur déguerpissement dans le site d’exclusion de Kibali GoldMines suscitant ainsi une indignation populaire :

« […] Le fait pour la commission provinciale de rassurer la population de village Mege que cette dernière n’était pas concernée par les démolitions et déguerpissement au début des opérations et par la suite faire le contraire est aussi un des éléments qui a conduit aux manifestations dans le cité de Durba. »

Le rapport relève également la destruction des cultures vivrières et pérennes dans le site hôte pour les populations de Bandayi au village Kilimalande par la commission provinciale sans indemnisations préalables, l’occupation de certaines parcelles prévues au site d’accueil pour les victimes par les non ayant-droits, l’attaque par les manifestants des symboles de l’État et des habitations des policiers dans la cité de Durba, l’usage disproportionné de la force contre les manifestants ayant causé des pertes en vies humaines et la mésentente entre les membres de la commission provinciale et ceux de la société civile sur le déguerpissement de la population de Mege.

Il faut noter que dans leur quête de la paix sociale et la cohabitation pacifique entre Kibali GoldMines et les communautés riveraines, la commission des parlementaires a formulé plusieurs recommandations tant aux autorités étatiques à tous les échelons, à Kibali GoldMines, à la société civile qu’à la communauté. Au nombre de ces recommandations figurent notamment, l’évaluation des opérations menées par la commission provinciale chargée de déguerpissement, l’assistance humanitaire d’urgence aux 2 569 ménages en détresse, l’organisation d’un forum sur la paix, la promotion du respect des lois du pays particulièrement de la législation minière, la délimitation claire et nette des différentes zones et périmètres miniers de Kibali GoldMines, le renouement avec la culture du dialogue et autres.

Ariko Timothée