Dans la province du Haut-Uele au nord-Est de la République Démocratique du Congo, plus d’un millier d’agriculteurs ont été formés et accompagnés dans leurs activités maraîchères et de cultures vivrières depuis 2020 par le Parc National de la Garamba. Après deux années de formation dans les champs école paysans, 497 d’entre-deux ont été certifiés et s’engagent à promouvoir les pratiques agroécologiques auprès d’autres agriculteurs.
Les cérémonies de remise des certificats de fin de formation ont été organisées en novembre dernier.
Le PNG accompagne les agriculteurs volontaires pour améliorer leurs techniques culturales, leurs productions et leurs revenus. Pour favoriser un apprentissage large et pratique, le PNG a mis en place 63 champs écoles paysans(CEP) dans les trois domaines de chasse et la zone riveraine, qui ont accueilli jusque 1 211 apprenants depuis 2020.
Les CEP sont des sites communautaires d’apprentissage et de démonstration des techniques culturales. Chaque Champs-école regroupe 20 à 30 apprenants qui se réunissent une fois par semaine pendant la campagne agricole afin de suivre une formation de culture d’une parcelle, avec l’appui des agronomes du PNG et de ses partenaires locaux CDJP à Dungu et OPED à Faradje. Pendant deux campagnes successives, les agriculteurs ont mis en pratique leurs apprentissages dans leurs propres champs et jardins. Les 497 bénéficiaires, dont 35% de femmes ont achevé le cyle de formation et reçu un certificat attestant de leur succès.
Parmi eux, 266 agriculteurs, dont 32% de femmes, ont été identifiés comme «paysans-relais » ; c’est-à-dire qu’ils sont en capacité de former à leur tour d’autres agriculteurs sur les bonnes pratiques agroécologiques. Les paysans-relais s’engagent à appliquer et à diffuser leur
connaissances des pratiques agricoles respectueuses des ressources naturelles telles que l’eau, les sols, les arbres, etc. Ils s’engagent également à ne pas pratiquer la défriche-brulis qui détruit la forêt et les ressources naturelles. Ils s’engagent à former à leur tour dix autres agriculteurs aux pratiques agricoles durables.
Grâce au soutien de ses partenaires financiers, notamment l’Union eruopéenne et USAID, le PNG et ses partenaires locaux ont d’ores et déjà lancé la formation d’une nouvelle cohorte de paysansrelais dans les CEP en cultures maraichères et vivrières pour la période 2022 – 2024. Les bénéficiaires certifiés témoignent de leur expérience au cours de ces deux dernières années et des résultats qu’ils ont obtenus.
Certains d’eux se sont exprimés en ces termes :
Mme Marie EYENGA, paysanne-relais, formée au Champs Ecole Paysan vivrier de Bilali, près du DC
de Mondo-Missa.
« La première année la récolte était moyenne, mais la seconde année, sur le même sol, nous avons réalisé une récolte plus importante, comme jamais auparavant, pour chacune des cinq cultures associées : maïs, arachides, soja, pois cajan et niébé. Avec le revenu de la récolte d’arachides j’ai pu acheter une chèvre pour me lancer dans l’élevage. La vente des autres récoltes m’ont permis de payer la scolarisation des enfants et les soins médicaux. Aujourd’hui, j’ai reçu mon certificat. Ce n’est pas une fin, c’est plutôt le début, car nous sommes passés à un autre niveau de compétence. ».
M. Sylvain LATIGO, paysan-relais, chef de localité du village de Aola, et formée au champs -école paysan maraicher, DC de Mondo-Missa.
« C’est grâce au champs-école paysans que nous parvenons à lutter contre la pauvreté. Les agents du PNG nous ont appris à faire des pépinières, l’entretien des jardins, les techniques de semis et le stockage des récoltes. Ces nouvelles techniques, comme celle de ne pas brûler les champs, l’utilisation des biopesticides, les techniques d’arrosage, nous ont permis de produire de bonnes quantités et de bonnes qualités d’oignons, de tomates, de choux, de carottes. Grâce au
PNG, aujourd’hui nous arrivons à répondre à certains de nos besoins. »
Mme Paysayo ANIKODIHE, paysanne-relais, formée au Champs -École Paysan maraicher de Kiliwa,
DC Azande.
« Je viens d’être certifiée paysan-relais grâce à l’apprentissage reçu du Parc National de la Garamba pendant deux ans. La façon dont nous faisions les champs avant n’était pas vraiment avantageuse pour nous. Grâce à cette formation, j’ai produit une bonne quantité de choux, de tomates, d’oignons, de carottes qui m’a permis de répondre suffisamment aux besoins de mon ménage, mais aussi d’économiser de l’argent. Avec le certificat que je viens de recevoir, il m’incombe, à moi aussi, de commencer à apprendre gratuitement aux autres volontaires d’ici, ces nouvelles techniques agricoles pour développer notre milieu. »
Monsieur Jean Aimé MBOLITINI, paysan-relais CEP maraicher de Nambia, DC de Gangala na Bodio.
« J’ai appris à faire le choix de l’emplacement, la préparation du terrain, à cultiver avec d’autres techniques agricoles qui m’ont permis de produire des quantités considérables de tomates, de choux et autres. Les revenus m’ont aidé à construire une annexe de ma maison. J’ai toujours dit à mes proches que, pour moi, ces connaissances pratiques sont plus importantes qu’un diplôme. Ce qui importe, c’est ce que je suis capable de réaliser grâce à ce que j’ai appris. Le certificat n’en est qu’un témoignage. », dit-il.
Avant de renchérir :
« Ce qui me fascine le plus, c’est que j’ai été en mesure de partager les connaissances agricoles acquises dans le CEP lors de mon séjour à Isiro [chef-lieu de province] en novembre 2021, avec des ingénieurs agronomes. Suite à une discussion vespérale portant sur leurs difficultés de culture de chou, ils m’ont invité à visiter leurs jardins le lendemain matin. Je leur ai fait détecter des petites erreurs. Des piquetages de plantules en bordure de plates-bandes avaient des racines à l’air libre. C’est ce qui faisait défaut aux plantules car l’écartement entre les plantules et les bordures des plates-bandes n’était pas bien respecté. Ces agronomes m’ont payé le carburant le jour de mon retour grâce aux multiples échanges avec eux. »