« La problématique de la communication dans un processus de délocalisation des Personnes Affectées par un projet minier: cas de Kibali GoldMines de 2018 à 2021″, était au menu d’un travail de fin d’études porté par l’étudiant Héritier Mungumiyo, en Sciences de l’Information et de la Communication défendu le 29 octobre dernier à l’ISPKI/Durba (Haut-Uele).
Le jeune chercheur justifie son choix de cette étude par le souci de remédier à une question épineuse pertinente et d’actualité dans la contrée en vue de contribuer à stopper à travers les propositions qui en découlent, un cycle Infernal de conflit lié à un processus pourtant bien réglementé en amont par le législateur au côté d’autres instruments juridiques tant régionaux qu’internationaux.
H. Mungumiyo estime que cette étude va permettre à l’entreprise KGM d’évaluer son circuit communicationnel et subséquemment apporter une amélioration de tout processus de délocalisation des PAP en cours et avenir. Elle permet également aux communautés locales de se rendre compte de son niveau de connaissance des textes légaux en matière de délocalisation/réinstallation.
La délimitation spatio-temporelle de son travail n’est nullement un hasard car l’année 2018 marque non seulement l’entrée en vigueur de code minier révisé mais aussi couvre un processus en cours de réalisation par KGM dans le projet Kalinva-Ikanva.
« Le chercheur que nous sommes a cherché à comprendre ce qui cloche dans divers processus nonobstant la volonté manifeste de l’entreprise minière et des moyens conséquents souvent alloués pour bien mener le processus ».
Dans la salle de l’hôtel Impérial remplie des Corps Académiques et Scientifiques, membres du Jury, Camarades Étudiants, parents, amis et Connaissances, le lauréat du jour a déballé les résultats de ses enquêtes du terrain en ce terme :
« 55% de nos enquêtés trouvent insuffisant le niveau de la communication de Kibali GoldMines envers des Personnes Affectées par le Projet ; 54% décèlent le déficit Communicationnel et la crise de confiance comme facteurs principaux des mésententes et tension entre KGM les PAP; 62% affirment que KGM respecte partiellement les lois et les engagements en cas de la délocalisation ; 59% ont un niveau de connaissance superficiel du code et règlements miniers. Ce qui donne ici l’opportunité d’affirmer que les responsabilités restes partagées dans tout ce qui arrive à Durba où KGM exploite de l’Or au tour de la délocalisation des PAP de l’entreprise KGM », précise-t-il.
S’agissant de la méthodologie de travail qui a conduit à ces résultats, Héritier Mungumiyo évoque les méthodes juridico-comparative et analytique pour un échantillon de 98 individus tirer d’une population d’étude de 59.572 constituées des PAP, riverains, autorités étatiques et experts en droit minier, habitants de Durba, Kalinva et ses environs.
Se confiant à Orientalinfo.net, l’auteur du dit travail, jugé premier dans la contrée dans le volet communication, dresse quelque recommandations à la société KGM, à l’État congolais et aussi aux Personnes Affectées pour un processus de délocalisation apaisé :
« Nous estimons que la considération de nos différentes recommandations par les parties prenantes, permettra également à favoriser un processus apaisé et à renverser la courbe de considération sur la délocalisation comme des opportunités de développement durable du milieu en lieu et place des considérations conflictogènes ».
RECOMMANDATIONS
1. À KIBALI GOLDMINES
- Renforcer et adapter son plan de communication au niveau de compréhension des Personnes Affectées par son projet ;
- Faire participer activement les PAP dans le processus ;
- Multiplier les réunions des masses ;
- Durcir les critères de recrutement de son personnel au niveau de son département social, mettre en place un mécanisme permanent et contraignant de contrôle, de suivi, de moralisation et de conscientisation dudit personnel ;
- Communiquer et disponibiliser en temps son Plan de Réinstallation et d’autres informations pertinentes liées au processus ;
- Travailler avec les PAP pour des activités alternatives durables à défaut de restituer leurs moyens de subsistance ;
- Fiabiliser ses mécanismes de traitement des plaintes/recours et surtout rendre compte des résultats ;
- Privilégier le consensus sur des questions à controverse ;
- Auditer le processus en cours et réparer les failles avérées pour restaurer la confiance perdue ;
- Jouer franc jeu
- Sponsoriser un programme permanent de sensibilisation et vulgarisation du code et règlement miniers en général et ses directives en particulier à travers les médias locaux.
2. À L’ETAT CONGOLAIS
- Accompagner objectivement le processus à travers ses organes techniques (ACE, PNPS, DPEM) et jouer réellement le rôle d’un bon arbitre ;
- Outiller ses préposés au niveau de l’administration locale sur les législations minières ;
- Vulgariser le code et règlement minier à la population
3. AUX PERSONNES AFFECTEES ET A LA SOCIETE CIVILE
- S’approprier le code et règlement miniers ;
- Recourir aux experts en la matière ;
- Privilégier le dialogue en cas de divergence
Comme tout chercheur, Héritier Mungumiyo qui a obtenu la mention « Grande Distinction » au terme de son premier cycle en SIC, indique toute fois n’avoir nullement la prétention d’avoir abordé tous les aspects de cette étude et encourage les futurs chercheurs à s’intéresser à ce sujet pour l’enrichir et le compléter afin de contribuer à l’avancement de la science et surtout à apaiser la tension au tour du processus de délocalisation lié à un projet minier dans cette province à vocation minière.
Nanou Mokuba