Dans la province du Haut-Uele au Nord-est de République Démocratique du Congo, l’assemblée provinciale reste l’institution provinciale la plus aphone sur plusieurs questions d’actualités.
Le dernier cas en date est le dossier brûlant des exploitants illégaux étrangers particulièrement des chinois, ayant envahi de nombreux sites d’exploitation artisanale dans cette province en violation du code et règlement miniers en vigueur dans ce pays. Ces étrangers n’ont bougé d’un iniota malgré l’expiration le 20 janvier dernier de l’ultimatum leur accordé par la ministre des mines, Antoinette N’Samba Kalambayi, déterminée à remettre de l’ordre dans son secteur.
Une attitude de sabotage qui suscite la colère des structures de la société civile débouchant sur des manifestations dans la contrée à l’instar de celle enregistrée le 25 janvier 2022 à Dubele (Watsa), ayant fait un blessé et de dégâts matériels importants à la résidence du chef du secteur Mangbutu.
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Plusieurs structures citoyennes et personnalités politiques se sont prononcées pour fustiger la complicité du gouvernement provincial dans cette mafia minière opérée au détriment des congolais.
Le député national Chrispin Atama Tabe, président de caucus des élus nationaux du Haut-Uele et ministre honoraire de la défense sous le régime Kabila, a condamné, fin janvier dernier, avec la dernière énergie, une exploitation illicite ne profitant pas à l’État Congolais sous la bénédiction supposée des autorités provinciales.
« Vous n’allez pas trouver des congolais dans les forêts de Chine entrain d’exploiter les minerais », faisait-il observer.
Mais curieusement, l’organe délibérant du Haut-Uele reste le plus silencieux sur ce dossier. Sa posture d’éternelle chambre en sourdine ne laisse pas indifférents certains compatriotes :
« L’assemblée provinciale doit interpeller le ministre provincial des mines pour éclairer la lanterne du peuple sur l’accord qui existe entre les sujets chinois et le gouvernement provincial. Cette exploitation n’est pas artisanale mais semi-industrielle pilotée par des expatriés. Ceci impacte négativement la vie sociale de la population d’une part et ne respecte pas le code minier d’autre part. Pourquoi le silence de l’assemblée provinciale sur une question pertinente comme celle-ci ? », s’interroge d’un air très inquiet, Jean-Louis Londi, un citoyen habitant Watsa.
Le député provincial Crispin Alibu Uwete, élu de la circonscription électorale de Dungu, trouve fondée la préoccupation de cet électeur. Cet ex ministre de l’intérieur et sécurité estime que les élus du Haut-Uele se sont logiquement écartées de leurs prérogatives constitutionnelles :
« Mon souhait était que l’assemblée provinciale prenne ce dossier en main, en convoquant une session extraordinaire pour examiner chaque dossier de ces chinois, si ces accords sont légaux et respectent les codes miniers, notamment des différents cahiers de charges pour l’intérêt de la population. Malheureusement, les élus du Haut-Uele priorisent les accords politiques au détriment de leurs prérogatives constitutionnelles et parlementaires. », confie-t-il à Orientalinfo.net.
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M. Alibu craint que l’inertie des autorités provinciales sur ce question suscite la xénophobie et la chasse à la sorcière incontrôlée :
« C’est un problème d’ordre sécuritaire et social, il faut qu’on arrive à séparer les bons grains de l’ivraie dans ce dossier chinois. Ceux qui seraient en ordre légalement soient protégés et que les illégaux rentrent chez eux rapidement. », dit-il.
Remplie des suppléants, l’Assemblée provinciale du Haut-Uele est souvent accusée de s’être transformée à une caisse de résonance de l’exécutif provincial grâce à la docilité de son bureau sous prétexte de sauvegarder la stabilité politique en province.
Pendant ce temps, dans l’opinion publique, plus d’un sont ceux qui plaident en faveur des sanctions impitoyables par la population lors des échéances électorales prochaines au regard de ces bavures politiques et complaisances parlementaires.
Nanou Mokuba Enkaya