Le monde a célébré ce mercredi 03 mai 2023, le 30è anniversaire de la journée mondiale de la liberté de presse.

À Watsa dans le Haut-Uele, les journalistes locaux ont organisé, dans la salle polyvalente de Durba, une conférence-débat sous le thème : « rôles et défis de la presse dans une région minière ».

Tout s’est bien déroulé en présence du ministre provincial a.i de communication et médias du Haut-Uele, Chrysostome Gbandazwa qui a salué l’initiative avant de réaffirmer l’engagement de l’exécutif provincial à œuvrer pour une presse libre, responsable et professionnelle.

La sous-qualification du personnel de presse, l’accès limité à l’information, le risque sécuritaire, la précarité des conditions de travail, le manque d’appropriation des services de presse ainsi que la pression économique, sont parmi la panoplie de défis épinglée par le conférencier du jour, Héritier Mungumiyo, vice-président de la corporation des journalistes en place.

Retrouvez en intégralité son intervention dans les lignes qui suivent :

Mesdames et messieurs;
Distingués invites;

Chers confrères et consœurs journalistes,
La journée du 03 mai offre une occasion en or à la presse pour étaler ce qu’elle fait et les différents defis auxquels elle reste confrontée au quotidien particulièrement dans une zone minière.

Comme vous le savez déjà, la presse joue un rôle non négligeable dans le processus d’information, de formation, d’éveil de conscience, d’enracinement de la démocratie et de bonne gouvernance, d’exigence de la redevabilité par les citoyens à leurs dirigeants, le changement de mentalité et de comportement ainsi que le divertissement de la société.

Hormis ses rôles légendaires, la presse dans une région minière est censée en jouer plusieurs autres dans un contexte généralement difficile marquée par des tensions sociales liées à l’exploitation minière. Ici, le silence ou l’expression de la presse est appréciée ou condamnée selon les centres d’intérets des parties prenantes. On peut vous accuser d’avoir parlé ou de n’avoir rien dit.

C’est dans cet environnement qu’elle est censée être :
Un veritable courroie de transmission d’information entre les parties prenantes notamment l’Etat, l’investisseur et les riverains. Par exemple, sur le processus d’installation, de delocalisation; de developpement et d’exploitation d’une mine, tout comme de realisation des œuvres socioéconomiques voire de sensibilisation sur le mécanisme de préparation d’après mine, les opportunités d’affaires et autres;

Dans une zone minière, la presse joue également le rôle de vulgarisateur des lois minières souvent ignorées pour la plupart afin, de rappeler aux uns et autres les droits et devoirs de chacun selon le code et règlement miniers,
En cas de tension sociale inévitable autour d’une mine, c’est la presse qui peut amplifier ou calmer la situation à travers la diffusion des messages de paix et de dialogue pour une solution durable. Elle joue ainsi, le rôle du sapeur-pompier.
Nous pouvons l’affirmer sans peur d’être contredits que nous sommes les gardiens de l’information et de la vérité, les éducateurs de la masse, les défenseurs des droits de l’homme, et l’un des acteurs clés du développement de notre région.

La presse joue aussi le rôle très crucial dans la restauration et la préservation de la sécurité. Vous serez d’accord avec moi que les zones minières enregistrent des fortes concentrations démographiques parfois avec regain de sentiments xénophobes, de forte criminalité et forte propagation des maladies surtout les IST, la presse est appelée aussi à prêcher la coexistence pacifique dans le respect mutuel des droits et obligations de tous; la presse doit sensibiliser sur la vigilance, la dénonciation des auteurs d’actes de criminalité, interpeller la conscience des riverains et services de sécurité ; la presse doit sensibiliser sur les IST, etc. Mais aussi édifier les populations riveraines sur la responsabilité sociétale des entreprises.

Mesdames et messieurs;
Distingués invités;

Malheureusement, il n’est pas du tout facile de jouer convenablement ces rôles à cause de nombreux défis le rendant un véritable chemin de la croix pour des journalistes. Du coup, la presse se retrouve fréquemment prise en étau dans un environnement où toutes les parties veulent, à tort ou à raison, prévaloir leurs droits réels ou supposés.

Ces défis sont liés notamment d’ordre :
Défis humains : le personnel recruté sur l’état mais très dévoué aux services de la communauté. Des journalistes qui auraient dû se donner à d’autres professions mais qui tiennent plutôt à informer et éveiller l’opinion publique.

C’est dans cette optique que les efforts sont conjugués dans chaque rédaction comme dans notre corporation pour une remise à niveau quasi régulière. C’est ici, l’occasion de remercier le département social de KGM et tous les autres partenaires qui ne cessent d’appuyer la capacitation de nos journalistes pour améliorer la qualité de services offerts aux auditeurs et lecteurs.

Ainsi donc, les abus de quelques journalistes ne doivent cependant pas faire perdre de vue le travail d’information et d’entretien de lien social assuré par l’ensemble des médias. Les journalistes disposent des codes déontologiques et, pour la plupart, ils s’y tiennent nonobstant certaines défaillances liées à la nature humaine.

On a généralement l’impression que tout le monde exige la perfection aux journalistes pendant qu’elle n’en existe dans aucun domaine de la vie.

Certes, nous ne justifions nullement certains dérapages ou des actes d’amateurisme dans l’exercice de notre profession, toute fois, nous appelons les uns et les autres à la tolérance, à la comprehension et surtout à nous formuler des critiques constructives visant à rectifier les tirs que voir tout en noir ou chercher s’apprendre aux journalistes œuvrant dans des conditions précaires dans des organes de presse parfois qui peinent à entretenir et doter leur personnel des outils de travail de qualité. Pouvons-nous imaginer comment pourrait être une journée sans presse ?
Un autre défi et non le moindre est l’accès limité à l’information : Les entreprises minières peuvent être réticentes à partager des informations avec la presse, ce qui peut rendre difficile la collecte d’informations fiables et exactes pour les journalistes.

Cette difficulté pour la presse d’acceder facilement et en temps à certaines informations liées à la mine sont de nature à laisser libre circulation aux rumeurs dans la cité avec toutes les conséquences y relatives. La désinformation peut découler des tensions sociales inutiles qu’on aurait dû éviter sans une grande mobilisation de fonds, des forces de sécurité et d’énergie.

Dans une région minière, les journalistes peuvent être confrontés à des risques de sécurité élevés lorsqu’ils couvrent des sujets liés aux activités minières, en particulier dans les zones où les conflits sont fréquents au regard de la sensibilité de certaines informations.
Le cas de dossier Renzi et Bandayi-Mege en sont des exemples typiques chez nous ici.

La presse est également sujette à des Pressions économiques d’autant plus que des entreprises minières peuvent être des annonceurs importants pour les médias locaux, ce qui peut créer des conflits d’intérêts et rendre difficile la couverture objective et impartiale des questions liées aux activités minières.

Un autre grand défi auquel la presse fait face dans une région minière est celui du manque d’appropriation des services de presse : Nos sous-traitants et d’autres structures n’ont pas la culture médiatique ou celles qui l’en ont d’une facon sporadique; veulent la faire gratuitement ou à des prix dérisoires à volonté sous prétexte que ce sont généralement des radios communautaires ou des petits médias en ligne. Sciemment ou par ignorance, elles ne tiennent pas compte du personnel, des materiels censés être entretenus et d’autres charges à combler. Ce qui fait qu’à côté d’une grande mine de la trempe de Kibali, on retrouve des journalistes clochardisés par manque de financement nécessaire, aucune subvention de l’Etat ni d’autres partenaires extérieurs.

Il faudra ici, préciser que le métier du journaliste n’est pas un loisir ou un passé-temps mais c’est une profession à part entière qui mérite considération au regard de son apport dans notre société.

Mesdames et messieurs;
Distingués invites;

C’est ici l’ooprtunité d’exhorter l’OSG, ETD, SOCIAL, le gouvernement provincial et d’autres bailleurs de fonds d’imposer en amont une politique communicationnelle claire à tous les bénéficiaires des marchés pour non seulement éclairer l’opinion publique mais aussi vulgariser la stratégie de maintenance et de protection des ouvrages après travaux.
Bref, disons dans le contexte d’une zone minière : la presse est là pour faire un relai communauté-exploitants miniers et l’Etat. Que les uns et les autres recourent donc à la presse pour exprimer leurs projets et difficultés. A fortiori Apportons un appui maximal à la presse de Watsa à travers des petits partenariats pour la diffusion de vos émissions, vos avis de recrutement, des publi-reportages, des communiqués, des sponsorings et autres services offerts pour la promotion et la publicité de vos produits et services dans nos radios ou dans nos médias en ligne qu’il ne faudra jamais confondre avec les réseaux sociaux.

Nous sommes des faiseurs d’opinion, des leaders communautaires. Nous appelons aux animateurs des institutions publiques, des entreprises publiques et privées, les banques et micro-crédits de la place, les personnes physiques et autres à nous aider pour bien vous aider.

Merci pour votre attention soutenue