C’est à travers une marche pacifique initiée par le conseil provincial de la jeunesse de concert avec la coordination provinciale de la société civile et la nouvelle société civile que tout a commencé ce vendredi 15 juin 2019.

Sur place à Isiro, des millions de personnes ont pris part à cette manifestation dont l’objectif est de protester contre la présence nocive de ces éleveurs étrangers auteurs de nombreux abus sur les populations autochtones.

Les organisateurs ont dans leur mémo adressé au chef de l’État Félix Tshisekedi accordé un délai de 30 jours pour passer à d’autres phases de cette opération dite d’autodéfense si le gouvernement congolais continuait à briller par son laxisme coupable sur le phénomène Mbororo.

« Nous exprimons notre mécontentement suite au laxisme complice du Gouvernement de la République et à la complicité criminelle de la communauté internationale au sujet de cette nébuleuse qui prend des proportions de plus en plus inquiétantes et susceptibles de conduire à des situations incontrôlables qu’on aurait pu nous éviter. Nous n’acceptons pas que des étrangers, éleveurs et nomades armés, débarquent illégalement dans notre pays et tentent, par des subterfuges diplomatiques et juridiques, de nous imposer un nouveau mode de vie, une nouvelle culture. »

Retrouvez intégralement les cris d’alarme et les recommandations des couches sociales de la jeune province du Haut-Uele sur le dossier dans ce mémo intitulé « Refus formel de cohabiter avec les éleveurs étrangers armés MBORORO » lu et remis au vice-gouverneur de province Christian Pitanga dont Orientalinfo.net s’en est procuré une copie :

MEMORANDUM

Concerne : Refus formelle de cohabiter avec les éleveurs étrangers armés
« MBORORO »

Excellence Monsieur le Président de la République,
Nous, populations de la Province du Haut-Uele réunies à travers la Coordination Provinciale de Société civile Forces vives, la Nouvelle Société Civile Congolaise et le Conseil Provincial de la Jeunesse, victimes principales et permanentes de la présence des éleveurs étrangers et armés MBOROROS, venons vous présenter notre position à l’occasion du lancement de l’OPERATION ZERO MBORORO sur l’étendue du territoire national en général et celle de la Province du Haut-Uele en particulier.

Contrairement aux prétendus refugiés climatiques que l’on tente de nous imposer, la présence de ces éleveurs nomades étrangers et armés constitue l’une des causes principales de la situation sécuritaire fragile et imprévisible qui prévaut dans la Province du Haut-Uele où ces éleveurs se sont à ce jour éparpillés à travers tous les six territoires que compte notre chère Province.

Leur nombre de plus en plus croissant, dépasse parfois doublement le nôtre dans certaines contrées.

Ces hors la loi sont aujourd’hui équipés des cartographies détaillées, appareils de communication et de géolocalisation performants.

Ils opposent souvent résistance aux autorités locales, notamment certains chefs coutumiers.

Leur capacité en matière de corruption dépasse tout entendement.

Plusieurs rapports des experts de la Mission des Nations-Unies au Congo (MONUSCO) et des services de sécurité de notre pays, font état de leurs accointances avec les forces négatives et les groupes armés qui font la loi dans toute la partie Nord-Est de notre province (LRA, SPLA, DJANDJAWID, SELEKA, HOUDA), pour qui, les MBOROROS servent d’informateurs et de pisteurs dans les entreprises de pillages, de viols, de braconnages et d’enlèvement des populations autochtones.

Toutes les sources d’eaux potables sont polluées par le passage de leurs cheptels.

Les ravages de nos champs ne font qu’exacerber des conflits qui rendent leur cohabitation impossible avec nous, populations autochtones.

Nous exprimons notre mécontentement suite au laxisme complice du Gouvernement de la République et à la complicité criminelle de la communauté internationale au sujet de cette nébuleuse qui prend des proportions de plus en plus inquiétantes et susceptibles de conduire à des situations incontrôlables qu’on aurait pu nous éviter.

Nous voulons vous communiquer la volonté de nous, populations de la Province du Haut-Uele, victime permanente de ces éleveurs armés MBOROROS.

A l’instar de nos députés, nous ne nous alignons pas sur la thèse selon laquelle la désertification et l’assèchement du Lac TCHAD seraient à l’origine de la transhumance des MBOROROS.

Une telle hypothèse devrait automatiquement être observée dans tous les pays traversés par le désert du SAHARA et du KALAHARI, par exemple et qui envahiraient, sans coup férir, les pays des savanes et des forêts.

L’Arabie Saoudite, un pays totalement désertique, dont les éleveurs paissent leurs troupeaux ou cultivent les plantes n’ont jamais envahi d’autres pays sous le prétexte de calamité écologique.

Il ne fait l’ombre d’aucun doute que les éleveurs étrangers et armés MBOROROS, dont la première et la deuxième vague furent réprimées sévèrement en 1944 et 1986 par les forces de sécurité de chacune de ces époques, ont envahi nos terres depuis 1999 lors de différentes rebellions à cause de la porosité de nos frontières à ANGO dans la Province voisine du Bas-Uele.

Ils sont visiblement entrés en République Démocratique du Congo de manière irrégulière et illégale, n’obéissent et ne reconnaissent aucune autorité.

Leur attitude hégémoniste prouve suffisamment qu’il s’agit des imposteurs qui n’ont rien d’un peuple sinistré et qui mérite notre légendaire hospitalité.

Sur notre propre territoire, ces éleveurs armés se comportent face aux sédentaires et agriculteurs que nous sommes, comme sur un terrain conquis par la force.

Nous n’acceptons pas que des étrangers, éleveurs et nomades armés, débarquent illégalement dans notre pays et tentent, par des subterfuges diplomatiques et juridiques, de nous imposer un nouveau mode de vie, une nouvelle culture.

L’exemple des FDLR et des réfugiés Rwandais déversés sur le sol congolais par l’opération turquoise est encore frais dans notre mémoire.

Les MBOROROS sont des immigrés illégaux dont la question est, par principe, réglée par la législation congolaise en ce qui concerne le statut et la police des étrangers.

Dans un Etat de droit, il s’agit simplement de respecter ou d’appliquer nos textes légaux.

Le fait qu’ils soient armés soulève la question de la défense nationale qui mérite d’être réglée, comme ce fut le cas en 1944 et 1986, par l’intervention des forces de sécurité de la RDC.

Nous avons bonne mémoire pour rappeler les tragédies vécues par nos compatriotes, pourtant non armés, qui ont fait les frais des expulsions massives, violentes et sans le moindre respect de la dignité humaine dans certains pays dits « amis ».

La même communauté internationale n’a jamais osé brandir le concept de « réfugiés économiques » pour protéger nos compatriotes ;

Ce phénomène étrange qui affecte sensiblement notre sécurité, la souveraineté nationale de la RDC, l’écologie et la santé publique, nécessite, au-delà de votre implication personnelle, celle de la communauté internationale et de toute la nation congolaise.

Les exactions, les assassinats, les pillages, les viols, le braconnage, les ravages des champs et le terrorisme sont les raisons qui nous condamnent, en tant que principales victimes et citoyens congolais, à lancer, ce jour, sur toute l’étendue de la province du Haut-Uele, à travers la marche pacifique et la ville-morte de ce jour, l’OPERATION ZERO MBORORO.

Nous nous faisons le devoir de vous informer qu’au cas où dans un délai de trente jours, nous constaterions le laxisme du Gouvernement de la République à donner réponse favorable à nos recommandations, l’OPERATION ZERO MBORORO se poursuivra de façon permanente par d’autres actions citoyennes et draconiennes jusqu’au départ du tout dernier MBORORO de notre territoire et ce, dans une logique d’auto-prise en charge et d’auto-défense populaire.

Nous encourageons, dans cette optique, le cantonnement de ces éleveurs étrangers et armés en perspective de leur refoulement de notre territoire et rappelons l’urgence et la nécessité d’organiser l’itinérance territoriale de nos forces de sécurité et un contrôle efficient et permanent au niveau de nos frontières pour prévenir et stopper l’afflux des MBOROROS.

Que vive le Haut-Uele!
Que Vive la République Démocratique du Congo!

Fait à Isiro, le 14 juin 2019

SOCIETE CIVILE FORCES VIVES
CONSEIL PROVINCIAL DE LA JEUNESSE
NOUVELLE SOCIETE CIVILE CONGOLAISE
COLLECTIF DES FEMMES DU HAUT-UELE

Jean MAGWENGASA IMANI

Me. Isaac DEGBA EGBOKO

François KOKOLO MODIPIMA

Françoise SUNGUFUE BATI

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