Vue partielle de la mine de Kibali Gold ©Orientalinfo.net

En République Démocratique du Congo, plus rien ne va ces jours-ci entre le géant minier Kibali GoldMines et la Société de KiloMoto (SOKIMO). Ces deux partenaires, amis hier, se tirent à boulet rouge aujourd’hui. La société publique de l’État SOKIMO, quasiment moribonde, réclame une créance colossale de plus d’1 milliard USD à Kibali GoldMines pour espérer relancer sans efforts ses activités. Elle exige également désormais la renégociation de son contrat avec la société Kibali. Des revendications que cette dernière n’attend pas de ses oreilles les qualifiant des fallacieuses visant à changer les règles du jeu en plein match sur fond des subterfuges, chantages, camouflage des erreurs de gestion et quête de positionnement politique. Ce combat s’est déporté dans les médias après la débâcle judiciaire infligée à la SOKIMO au tribunal de commerce de Kinshasa Gombe ordonnant la main levée sur le gèle des avoirs de Kibali en faveur de la SOKIMO opéré précédemment par la même justice.

L’un des points qui opposent les parties est le rachat par Kibali GoldMines de 20% de participation de la SOKIMO dans un projet modèle dans le secteur minier en RD Congo constitué de 45% AngloGold Ashanti, 45% RandGold (Barrick) et 10% l’État Congolais qui en avait au départ 30%.

Dans une note d’éclaircissement dénommée « Historique SOKIMO-Kibali Goldmines » établie par la direction de la joint-venture et consultée par la rédaction Orientalinfo.net, il ressort clairement que la vente de cette part s’est déroulée d’une façon régulière et transparente contrairement à tous les bruits de couloir distillés par les responsables de la SOKIMO pour se faire une santé de façade.

Cette note précise qu’à la suite de l’acquisition de Moto GoldMines, le gouvernement de la RDC et la SOKIMO avaient exprimé leur souhait de vendre leur participation restante de 30% dans Kibali GoldMines, sous réserve qu’un accord puisse être trouvé sur les modalités commerciales. Du coup, Randgold et AngloGold Ashanti se sont engagées à acquérir une participation de 20% mais ont insisté sur leur désir de voir l’État demeurer un partenaire au projet par l’intermédiaire d’OKIMO qui conservait une participation de 10%.

Ce qui fût fait en bonne et due forme à travers un accord signé le 31 octobre 2009 pour un montant global de 113,6 millions USD en faveur de la SOKIMO en contrepartie de la vente de ses 20% de participation supplémentaire effectuée définitivement en décembre de la même année.

« La prime de cette offre aux actionnaires Moto GoldMines représentait plus de 10 millions USD. Sur cette somme, 8 millions USD étaient spécifiquement visés dans la transaction comme devant servir à financer des revenus de pension non payés, rembourser des salaires non payés et route autre obligation sociale non satisfaite qu’OKIMO pourrait avoir. La prime de 8 millions USD était donc spécifiquement inclue dans la transaction pour créer un fond social permanent à OKIMO de satisfaire à ses obligations. De plus, dans le cadres des accords, Kibali GoldMines a versé un montant de 2,8 millions USD pour le financement des revenus de pension. », détaille cette note d’éclaircissement.

Ainsi, Kibali GoldMines à l’époque Kibali Jersey a su réaliser l’acquisition de la participation supplémentaire de 20% en décembre 2009, moment auquel la participation de la d’OKIMO a été réduite à 10% non-diluables.

Aujourd’hui, remettre la question de rachat sur la table de négociation 12 ans plus tard revient à jeter du discrédit sur l’État Congolais qui devrait impérativement se préparer à faire face à des longs procès en rapport avec ses engagements contenus dans de nombreux documents signés de bonne foi que la SOKIMO le pousserait à renier sans compter des conséquences à l’international sur le climat des affaires dans le pays sous la gouvernance de Félix Tshisekedi, estiment de nombreux analystes du secteur minier.

La raison de la descente aux enfers de la SOKIMO n’est pas à chercher dans la réussite du projet Kibali mais plutôt dans la gestion calamiteuse de cette société publique devenue pleurnicharde nonobstant ses multiples gisements et acquis divers en majorité inhérents à la réalisation même du projet Kibali (plus de 214 millions USD en espèces et en valeur transférée, un bénéfice de plus de 16,7 millions en financement de prêts et autres ), doublée d’un manque des stratégies sérieuses de relance de production.

Héritier Mungumiyo